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N.B. L’originalité de ce timbre est expliquée dans l’article Campione d’Italia

La légende dit que la basilique Santa Maria Maggiore de Bergame fut construite comme chapelle votive suite à la grande sécheresse de 1133 qui provoqua famine et peste. La première pierre fut posée en 1137 sur l’emplacement d’une ancienne église du VIIIe siècle dédiée à la Vierge Marie, elle-même construite sur un ancien temple païen dédié à la déesse Clemenza.

La particularité de la basilique est que son clergé la voulut comme une « bible des pauvres », un lieu où, à travers l’art, tout le monde pouvait comprendre la signification de la parole de Dieu et les contenus spirituels de la littérature sacrée. Elle fut ainsi construite, puis décorée, dans un ensemble de styles et d’arts divers où les thèmes religieux coexistent avec la présence d’une matrice païenne et où toutes les oeuvres d’art encouragent le visiteur à regarder la dimension spirituelle qui est en lui.

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Sa construction dura quelques 350 ans, mais elle subit des modifications jusqu’au XIXe siècle. Son extérieur a gardé le style roman lombard d’origine, d’une très grande sobriété, alors que l’intérieur a été rénové au XVIIe siècle en style baroque. Son plan est en croix greco-roman classique, avec quelques particularités: elle n’a pas d’entrée en bout de nef, la façade principale s’appuyant sur un des côtés du palais épiscopal, et l’une des absides du transept a été supprimée pour faire place à la somptueuse chapelle funéraire que le condottiere Bartolomeo Colleoni fit construire pour sa fille Medea.

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Peu est connu de son architecte, un certain Fredo, qui devait venir de la corporation des maîtres de Côme. Par contre, nous savons que les deux entrées latérales ont été construites au XIVe siècle par Giovanni da Campione, de la corporation des maîtres de Campione. Au bout du transept nord (n°23), il édifia un magnifique portique, dit dei Leoni rossi, dentelé, en marbre rouge et blanc, dont les colonnes reposent sur deux lions en marbre rouge de Vérone. Dans la loggia à deux étages qui le surmonte, saint Alexandre, patron de la ville, est entouré des saints Barnabé et Vincent et la Vierge est avec saintes Grata et Asteria, martyrs de la ville. Le portique du transept sud (n°24), dit dei Leoni bianchi, fut édifié quelques années plus tard. Il est en marbre blanc du Piémont, plus sobrement décoré de panneaux représentant le Christ, les apôtres et les saints.

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L’intérieur de la basilique fut modifié régulièrement au cours des siècles. Actuellement, le style baroque du XVIIe et du XVIIIe siècles prédomine, même s’il reste encore de nombreuses oeuvres d’art des siècles précédents. A noter que les murs sont recouverts de splendides tapisseries, aux thèmes tant profanes que religieux, réalisées pour la plupart dans les ateliers de Florence. Le confessionnal est une merveille baroque, sculpté en 1704 par Andrea Fantoni dans du noyer, du buis et du pin. Il est couronné d’une sculpture représentant Dieu entouré des quatre vertus du confesseur: la miséricorde, la sagesse, la bonté et le secret.

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Une autre curiosité est le choeur en bois, situé au fond de la nef. Au début du XVIe siècle, le sculpteur Giovan Francesco Capoferri réalisa 36 panneaux de marqueterie, sur des dessins du vénitien Lorenzo Lotto, représentant tant des scènes religieuses que des idéaux païens de la mythologie greco-romaine, des pensées de la philosophie néo-platonicienne et des métaphores de l’alchimie. L’ensemble fut conçu comme un « chemin de la mémoire » de la connaissance humaniste vénitienne de l’époque, un parcours difficile à déchiffrer, de manière à créer un sentiment de mystère lié à la présence divine et à provoquer une diversité d’interprétations visant à bousculer la rigidité des vérités établies.

La basilique accueille également les tombeaux du cardinal Guglielmo Longhi, confesseur du pape Célestin V, et du compositeur Gaetano Donizetti.

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A l’extérieur de la basilique, à côté du portique dei Leoni rossi, se trouve la chapelle Colleoni, construite par Giovanni Antonio Amadeo en 1476. La façade est un chef-d’oeuvre de la Renaissance lombarde. Décorée de marbres rouges et blancs, elle est ornée de thèmes religieux et profanes. L’ensemble est à la fois majestueux et élégant. A l’intérieur se trouve le sarcophage en marbre blanc de Medea Colleoni, sculpté par Amadeo lui-même, sur lequel repose le gisant de la jeune fille, et surmonté d’une Vierge à l’Enfant entourée de sainte Catherine et de sainte Claire. Le monument funéraire du condottiere se trouve au fond de la chapelle, un ensemble pyramidal composé de son tombeau en marbre reposant sur de fines colonnes, surmonté d’un deuxième sarcophage, plus petit, dont on ignore la signification, sur lequel se trouve une magnifique sculpture en bois doré du Colleone à cheval qui n’est pas sans rappeler la statue équestre réalisée par Andrea del Verrocchio à Venise.

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